Paris, Marseille, Bordeaux, Toulouse, Strasbourg, Nice, Lille et bien d’autres. Ils ont tous été vendus au cours de ces 15 dernières années, avec plus ou moins de réussite il faut le dire. Mais qu’en-est-il pour Saint-Etienne pourtant « à vendre » parfois depuis plus longtemps que certains. Pour cela, reprenons le fil de l’histoire année par année et des événements plus rocambolesques les uns que les autres.
📸 Daniel Riolo et Jean-Michel Larqué
Une année de transition et de déceptions
2017-2018
Belle année pour Saint-Etienne ? Elle est imparfaite… Les Verts ont l’habitude de jouer l’Europe depuis quelques années. Ce ne sera pas le cas pour la saison suivante, en effet, Sainté termine à une décevante mais inespérée 7e place de Ligue 1. Souvenez-vous, Oscar Garcia, un derby catastrophique, une intérim signé Julien Sablé et un héros nommé Gasset. Le début d’une descente progressive vers la Ligue 2 pour certains. Pour d’autres l’année durant laquelle la vente du club est évoquée pour la première fois. Plus précisément, c'est en mai 2018 qu’avec surprise nous apprenons que les présidents sont entrés en négociation avec le fond d’investissement état- unien PEAK6. Cette piste est bien loin de faire l’unanimité chez les supporters stéphanois, ne souhaitant pas être acheté par un fond d’investissement par peur de se transformer en simple équipe réserve d’un cador européen. Pour diverses raisons, ce sont finalement les deux présidents qui décident de rompre toutes les négociations avec les Américains. Le club est donc à nouveau ouvert aux offres éventuelles, mais il s’agit de préparer une nouvelle saison qui s’avérera bien plus réussie que 2017-2018.
Une 4e place honorable mais sans Ligue des Champions
📸 Wahbi khazri, Yann M'Vila et Kévin Monnet-Paquet / Crédit : AS Saint-Etienne
2018-2019
Quelle année ! Nous y avons cru longtemps mais Saint-Etienne ne retrouve pas la Ligue des Champions. Malgré une longue période sur le podium du championnat les verts terminent à une belle 4e place. Un championnat réussi, un Khazri exceptionnel, des adieux avec un goût d’inachevé avec notre coach à la casquette et une vente mise de côté. Elle paraît loin la crise qui avait poussé le tandem à entreprendre un processus de vente.
De Gasset à Puel, crises sportive et financière en pleine tourmente
2019-2020
Le moral est au beau fixe dans le Forez et nos actionnaires sont convaincus d’avoir relancé la dynamique après la succession complexe de Galtier. Ils souhaitent donc s’inscrire dans une continuité en nommant Ghislain Printant, fidèle adjoint de Gasset. Mais, malheureusement pour le nouvel entraîneur tout ne se passe pas comme voulu. Rapidement les mauvais résultats s’enchaînent et le duo Gasset/Printant est accusé d’avoir plombé les finances du club en ayant donné de gros salaires à des joueurs « mercenaires ». Au final, Claude Puel réussit à redresser la barre et l’ASSE termine 17e de Ligue 1, une première depuis 10 ans tout pile. Sainté s’embourbe dans la crise et dans ce bas classement du championnat de France. Il n’en fallait pas temps pour réveiller nos deux endormis qui se réactivent en signant un accord avec la société KPMG, cabinet d’audit. Quelle belle idée … donner de l’argent à une société plutôt que d’investir sur le marché des transferts. D’autant que l’institut mandaté est condamné quelques mois plus tard pour une malversation. Rappelons que cette idée est assez vite critiquée par Romain Molina qui qualifie l’institut de « complètement amateur ». Résumons, Saint-Etienne se sauve de justesse, Saint- Etienne n’a plus d’argent selon ses présidents mais Saint-Etienne est à nouveau à vendre bien que le processus soit confié à une société largement remise en question
📸 Photo de Sylvain THOMAS / Crédit : AFP
Débuts prometteurs, fin incertaine et tentatives de vente avortées
2020-2021
C’est ainsi que commence la saison 2020-2021, Puel toujours à la tête de l’équipe. Logique, 3 matchs 3 victoires une première place mais il reste 35 parties à jouer, et ceux-ci vont s’avérer laborieux. Mais attention malgré une saison presque complète dans les dernières places de Ligue 1 les stéphanois terminent 11e. Bien payé mais sûrement pas autant que l’institut qui réussit enfin à trouver des pistes fiables. Elles sont alléchantes et portées par des visages bien connus dans la Loire. Le premier, qui n’est d’ailleurs pas retenu, est celui porté par Mathieu Bodmer et un mystérieux fond étranger. Celui-ci est écarté au profit d’une entrée en négociation avec un certainOlivier Markarian. Dommage au vu du travail réalisé par Bodmer à la tête de l’équipe du Havre. Mais c'est bien le propriétaire de SmartGoodThings actionnaire déjà présent dans l’environnement du club qui tient la corde. Il porte un projet ambitieux accompagné d’investisseurs locaux. Mais attention, à la surprise générale, les négociations échouent à nouveau pour laisser place à une nouvelle saison. Rappelons que les mouvements de contestation sont désormais courants dans les tribunes stéphanoises face à l’incapacité ou mauvaise volonté des présidents à céder la tête du club.
Relégation en Ligue 2 et échecs successifs de vente - une Saison de tensions intenses
📸 David S. Blitzer / Crédit : Getty image
2021-2022
Bascule ou explosion des tensions ? Le changement c' est maintenant, oui mais changement de division. Après une saison catastrophique, Sainté parvient à se qualifier pour les barrages L1/L2 mais est défait par Auxerre un soir de mai 2022. Une défaite synonyme de relégation en deuxième division. Mais l’important est ailleurs, les supporters pensent la vente de grande actualité et cette question n’a jamais été aussi sensible. C'est durant cette saison que 3 acheteurs potentiels apparaissent. Prenons ces investisseurs dans l’ordre. Le premier et sûrement le plus risible se nomme Norodom Ravichak. Dès septembre 2021, c’est un obscur Prince Cambodgien qui s’annonce intéressé par le club. De belles promesses, un chèque de 100 millions d’euros mais pas d’accès à notre célèbre data room. Pourquoi? En réalité c’est assez simple, KPMG et Saint- Etienne considèrent la garantie bancaire comme fausse. Cette drôle d’affaire se conclut en novembre 2021 par la plainte portée par le club contre l’héritier pour « usage de faux ». Et c’est en novembre 2021 qu’apparaît le nom de Sergeï Lomakin, homme d'affaires russe. A première vue très intéressante mais encore une fois le projet est d’introduire le plus grand club de France dans un plan à plusieurs équipes. Le projet TSI est out et laisse sa place à un mystérieux prétendant. Encore une prétendant, il s’appelle 777 Partners, celui-ci ne va pas s’étendre en longueur. Rapidement les négociations échouent, le projet ne plaît pas la société d’investissement étant déjà propriétaire de trop de clubs. Finalement en y regardant de plus près, c’est mieux ainsi quand on voit que le Red Star FC pourtant premier de National risque de se retrouver relégué administrativement en R3. Dans ce contexte un quatrième et dernier prétendant apparaît, un certain David Blitzer, particulièrement discret et duquel peu d’informations sont transmises. L’Américain est déjà propriétaire de Crystal Palace en Première Ligue mais souhaite faire de Saint-Etienne une tête du projet. S’ouvre alors une longue période de négociations, entre refroidissement et rapprochement les deux partis campent sur leurs positions. Blitzer aurait été refroidi par les événements suite au barrage contre Auxerre tandis que les Présidents sont convaincus d’être en position de force, comme toujours. Les supporters pensent même voir le club passé sous pavillon américain le soir de la descente en L2 lorsqu’un communiqué apparaît sur le site officiel de l’ASSE. Celui-ci promet « dans quelque temps, nous annoncerons une nouvelle importante concernant l'avenir du club et le nôtre. Une page essentielle de notre vie se tournera mais nous plaçons au-dessus de tout l'institution ». Une annonce ou plutôt une promesse que nous attendons aujourd'hui encore. Blitzer, déçu des négociations avec les Présidents, décide de se retirer de toutes négociations en juillet 2022. Mais pas grave selon le Président Romeyer qui déclare « on va gagner trois matchs et les supporters vont nous s*cer ». Entre un président qui fantasme sur les supporters et un autre aux abonnés absents, l’ASSE commence une saison en Ligue 2 et sans avoir été vendue.
Fin du partenariat avec KPMG et résurrection sportive sous Laurent Battles
2022-2023
Partenaire historique des présidents de Saint-Etienne, KPMG voit son contrat se terminer. L’institut n’est plus chargé du processus de vente. 3 ans qui nous auront finalement bien fait rire par l’absence de sérieux de ce processus de vente. Mais l’indépendance retrouvée va-t-elle accélérer la vente ? Non. Le marasme du club inquiète et c’est finalement Laurent Battles, qui accepte de prendre la tête de l’équipe sans doute par amour du club. Une équipe qui descend de L1 mais qui n’a pas le niveau L2, Sainté flirte avec la Nationale tout au long de la première partie de saison. Mais l’équipe de Laurent Battles se reprend bien et termine la saison à la 8e place. Finalement peu de chose à dire ici tant la vente est secondaire ou plutôt inactive cette saison.
📸 Jean-Philippe Krasso, Mathieu Cafaro, Niels Nkounkou, Ibrahima Wadji et Lamine Fomba / Crédit : Icon Sport
Doutes sur la vente et nouvel espoir avec Larry Tenenbaum
2023-2024
Un début de galère, le renvoi de Battles, l’arrivée d’Olivier Dall’Oglio mais rien de croustillant concernant la vente. Cependant, le silence n'est-il pas un argument en soit ? Si l’inactivité desprésidents inquiète certains, d’autres se demandent si cette inactivité ne signifie pas une vente prochaine. L’absence d’option d’achat pour Cardona et Mbuku montre au mieux une vente en approche au pire une déception énorme pour les supporters stéphanois. Et les personnes qui pensent cela ont apparemment raison. C’est le journal l’Equipe qui sort l’information dans un timing néanmoins plus que discutable. Sorti de nul part, ou plutôt du Canada, c'est Larry Tenenbaum qui apparaît comme potentiel sauveur. Des noms sympathiques viennent se greffer à celui du généreux canadien. Ivan Gazidis ancien Président du grand AC Milan, l’homme né en Afrique du Sud laisse une sublime image en Italie et mitigée à Arsenal. Encore une fois des craintes justifiées arrivent jusqu’à nos oreilles … attention à ne pas intégrer un groupe qui ferait de Sainté une simple filiale. Mais non les principaux intéressés répondent ! Saint-Etienne doit être une tête de gondole, le leader d’un projet. Il est aujourd’hui un peu compliqué de distinguer le vrai du faux mais quelques informations commencent à sortir, avec parcimonie. Rien d’officiel encore (si ce n’est l’entrée en négociation exclusive) mais nous espérons que ce sera pour bientôt.
📸 Larry Tanenbaum / Crédit : JONATHAN BIELASKI chez MLSE
Un processus long, complexe et parfois risible mais en passe de se réaliser. Que penser de ce nouveau prétendant ? Une chose est sûre cependant, Sainté a une montée à jouer ! Dunkerque d’après Samy Baghdadi va à Angers pour gagner mais Sainté doit se rendre à Rouen pour la montée !
✍🏻 Arno Debrouwere
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