ASSE : Un projet à la dérive ?

Publié le 9 février 2025 à 23:07

Ivan Gazidis en discussion avec Samuel Rustem (à gauche), avec Jean-François Soucasse (à droite). Crédit : ButASSE


Kilmer Sport DANS LA TOURNANTE

Huit mois après son rachat par Kilmer Sport, l’ASSE est en grande difficulté. Malgré un retour en Ligue 1 obtenu au forceps face à Metz, les Verts sont aujourd’hui barragistes et plongent inexorablement. La gestion du club interroge, le mercato d’hiver a été catastrophique, et les choix de la direction peinent à convaincre au sein de la communauté stéphanoise. 

Un recrutement raté et un effectif limité. 

Malgré des moyens financiers confortables, l’ASSE n’a pas su renforcer son effectif cet hiver. Pire encore, la direction stéphanoise aurait sous-estimé l’impact financier de la crise des droits TV, la contraignant ainsi à se séparer de Mathis Amougou dès cet hiver. Un départ qui symbolise le manque d’anticipation et les failles du projet actuel. L’arrivée de nouveaux dirigeants, censée moderniser le club avec une approche centrée sur la data, n’a pour l’instant rien apporté sur le terrain. Horneland, après un départ prometteur contre Reims (3-1), n’a récolté que deux points sur les cinq derniers matchs. Malgré des moyens financiers confortables, l’ASSE n’a pas su renforcer son effectif cet hiver.

"Cet hiver, pareil : le meilleur jeune de ton centre de formation… Non, parce qu’on te dit que ton projet, c’est la data, c’est les jeunes et tout. Donc, le meilleur jeune qui sort de ton centre de formation, à la première offre, tu le bazardes, tu l’envoies à Chelsea pour 15 briques.

Alors, c’est vrai qu’ils en avaient besoin financièrement, vous allez me dire. Parce que, d’un, ils ont sous-estimé la perte des droits télé. De deux, visiblement, à Arsenal, on était très fort, mais à l’AS Saint-Étienne, on ne sait pas tenir une calculette. Ils ne pensaient pas perdre autant d’argent, parce que c’est un club déjà en déficit structurel, entre 15 et 20 millions.

Sauf qu’on est dans une année où le déficit lié aux droits TV est entre 20 et 30 millions minimum. Donc, ouais, t’es obligé de vendre. En plus, tu as mis plus de 20 briques cet été. Si on compte bien, tu peux perdre entre 40 et 50 millions cette année. Tu vas me dire : « Le propriétaire, il a de l’argent. » Mais le propriétaire, ce n’est pas une vache à lait. Donc, quelque part, t’es obligé de vendre un peu.

Mais vendre ton meilleur jeune alors que ton projet, c’est les jeunes… ça n’a pas vraiment de sens. Et Cafaro, pourquoi il part ? Parce que Michaël Manuello, son agent, est très bon au PFC. Sinon, il ne serait pas sorti. "

Une direction absente, un club en roue libre ?

Romain Molina pointe du doigt l’inaction des nouveaux dirigeants, absents du quotidien du club. Ivan Gazidis, Huss Fahmy et Jaeson Rosenfeld pilotent à distance, dans un environnement pourtant connu pour son instabilité. Sans un leadership fort, l’ASSE semble livrée à elle-même, et les résultats s’en ressentent.  Pourquoi ? Parce que la direction est absente. Ivan Gazidis gère le club à distance. Au début, on nous a dit : "Oui, c’est possible." Je veux bien croire qu’à Arsenal, un club bien huilé, ça puisse fonctionner. Mais ici, on parle de l’ASSE, un club où, excusez-moi, c’est le chaos depuis des années. Et eux, non. Ils ont cru pouvoir gérer ça de loin. Est-ce de l’ego ? Une erreur d’appréciation ? En tout cas, ils n’avaient pas l’habitude de gérer un club d’un autre standing, où la machine est beaucoup moins bien huilée.

Huss Fahmy et Jaeson Rosenfeld, eux, ne parlent même pas français (peut-être prennent-ils des cours ?), et ils ne sont présents qu’occasionnellement. Ils venaient une fois par semaine environ. Gazidis, lui, se déplace une fois par mois, voire tous les mois et demi. Quant au propriétaire, il assiste à une poignée de matchs, et c’est tout. Personne n’est là à temps plein.  Comment peut-on prétendre gérer un club aussi instable dans ces conditions ? Quand le chat n'est pas là, les souris dansent. Les personnes en place ne sont pas incompétentes, elles ont des compétences, ce ne sont pas des imbéciles. Mais la question, c'est : ont-ils choisi la bonne méthode en pensant pouvoir tout piloter à distance ? Visiblement, non. Et ils ont laissé faire, sans corriger le tir.

 

L’autre cible des critiques, c’est Loïc Perrin. Icône du club, il peine à convaincre en tant que directeur sportif. Un manque de réseau et d’expérience qui pèse lourd sur un club censé reconstruire un projet solide. Loïc Perrin, légende du club, bravo pour sa carrière. C'est dur à dire, parce que beaucoup diront : "Oui, mais c’est la légende des Verts", et donc, nombreux sont ceux qui n’oseront pas émettre la moindre critique. Mais soyons réalistes : il est tout sauf un directeur sportif. Tout le monde le sait dans le milieu du football français : les agents, les intermédiaires, les clubs… Il ne maîtrise pas vraiment les dossiers, ce n’est pas le plus grand bosseur à ce niveau-là, il n’a pas de réseau solide. Personne ne sait vraiment pourquoi il occupe ce poste. Mais comme c’est Loïc Perrin, il fallait lui trouver un poste.

Sauf que ce n’est pas lui rendre service, et ce n’est pas rendre service au club non plus. Tout le monde est au courant, mais personne — excusez-moi — n’a le courage de lui dire la vérité. Ensuite, on garde Soucasse… bon, allez, pourquoi pas. Mais au final, rien ne change. Et maintenant, on entend parler d’audits, etc. Laissez-moi rire. Ils savaient très bien que des choses n’allaient pas, mais ils ont attendu de se prendre un mur pour réagir. C’est très amateur. »


Pier Paolo Walack 

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