ASSE : Claude Abbes, le remplaçant discret au héros du Heysel.

Publié le 16 septembre 2024 à 14:57

S'il est une position qui a forgé l'histoire des clubs de légende, c'est bien celle du gardien de but. Et l'AS Saint-Étienne, bastion du football français, n'a pas fait exception, avec en tête de liste une figure incontournable : Claude Abbes. Né le 24 mai 1927 à Faugères, cet homme à la carrière exceptionnelle a laissé une empreinte indélébile dans les cages stéphanoises et sur l’ensemble du football hexagonal.

Fils d’agriculteurs d'origine espagnole, Claude découvre le football au niveau amateur, d’abord à Bédarieux, puis à Labastide-Rouairoux. Ses premières foulées sur les terrains de campagne ne laissaient pas présager qu’il atteindrait un jour les sommets. Pourtant, en 1950, repéré par l’AS Béziers, Abbes franchit la ligne du professionnalisme et commence à écrire l’histoire. Pendant deux ans, il dispute 79 matchs sous le maillot biterrois avant de recevoir un appel décisif : celui de l’AS Saint-Étienne.

 

En décembre 1952, les Verts sont en grande difficulté, occupant la dernière place du championnat. Mais l’arrivée de Claude Abbes marque un tournant. S’il est un adage qui lui colle à la peau, c’est bien celui-ci : « Les grands gardiens font gagner les clubs ». Sous sa vigilance, Saint-Étienne ne perd que quatre rencontres lors de la phase retour, grimpant jusqu’à la 11e place, éloignant spectaculairement le spectre de la relégation. C’est le début d’une longue histoire d’amour entre le club et son gardien.

Pendant dix ans, Claude Abbes sera l’un des artisans majeurs des succès stéphanois. En 1957, il est l’un des héros du premier sacre des Verts, qui remportent le championnat de France. À cela s’ajoutent une Coupe de France en 1962, deux Trophées des champions (en 1957 et 1962) et deux Coupes Charles Drago (en 1955 et 1958). L’histoire s’écrit aussi en chiffres : 296 matchs disputés sous le maillot vert, faisant de lui une icône du club, à l’image d’une forteresse infranchissable.

 

Pourtant, la carrière de Claude Abbes n’a pas été exempte d'un incident qui, à l'époque, fit jaser. En 1960, lors d'un unique match, il est prêté à l'ennemi juré, l’Olympique Lyonnais, pour disputer une rencontre de la Coupe des villes de foires contre le Cologne XI. Cet épisode restera une erreur de casting dans le parcours d’un homme entièrement dévoué à Saint-Étienne.

Sélectionné à neuf reprises en Équipe de France, Claude Abbes défend aussi les couleurs de son pays, prouvant une fois de plus son talent sur la scène internationale. Sa carrière prend fin en tant que joueur-entraîneur de l’UMS Montélimar, avant de revenir à Saint-Étienne, cette fois-ci au sein du conseil d'administration, aux côtés de Roger Rocher. Même après avoir quitté les terrains, Abbes ne s’est jamais éloigné du club de son cœur.

 

Claude Abbes nous a quittés le 11 avril 2008, à 80 ans, dans le 15e arrondissement de Paris. Mais son nom résonne encore aujourd'hui dans les travées de Geoffroy-Guichard. Car s'il est un panthéon du football français, Claude Abbes y a une place de choix, celle des gardiens qui ont su marquer leur époque, non seulement par leurs parades, mais aussi par leur loyauté et leur dévouement à un club, une ville, une passion.

✍🏻 Vincent Grange 

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