📸 DAZN. / Crédit : Sven Simon/imago-images-bilder
Notre histoire semble commencer lors de la saison de Ligue 1, 2020-2021. Mediapro décroche alors les droits TV du championnat de France de première division entre 2020 et 2024, la LFP en profite pour encaisser le plus gros chèque jamais reçu par la ligue pour la diffusion de sa compétition. Pour comprendre ce qu'il s'est passé, nous avons retracé les différentes étapes de l'évolution des droits télévisés.
Médiapro, une idylle sans lendemain.
L’agence audiovisuelle espagnole obtient durant l’appel d’offres, le plus gros lot possible soit 8 matchs sur 10 possibles par journée. BeinSport conserve quant à elle les affiches du samedi soir et du dimanche à 17h. Il faut dire que l’offre est plus qu’alléchante avec la promesse de plus d’un milliard d’euros par années de diffusion. Médiapro part de zéro en France, elle ne possède pas de chaîne, pas de consultants et aucune expérience en France. La ligue se laisse alors aveugler par le pont d’or proposé par l’inexpérimenté Médiapro, sur le marché français. Cependant cette flambée des prix de presque 60% par rapport au dernier appel d’offres, à un coût, 29,90 euros par mois sans engagement et 25,90 euros par mois avec engagement. C’est déjà beaucoup trop pour le public français qui ne répond pas présent. Jaume Roures président de Médiapro annonce autour de 600 000 abonnés en novembre 2020 des chiffres minables par rapport à l’objectif de 3,5 millions, mais qui le sont encore plus avec le chiffre de 450 000 abonnés donné par d’autres médias. Début octobre déjà Médiapro avait annoncé vouloir renégocier les termes du contrat, idée évidemment refusée par la LFP fière de ses stars comme Neymar et Mbappé. S’engage alors un bras de fer entre les deux institutions mais le média espagnol n’étant pas en force se retrouve obligée de renoncer à ses droits ainsi que verser une partie du milliard promis pour éviter les poursuites judiciaires. Le 7 février 2021, la chaîne Téléfoot disparaît des télévisions françaises et laisse la Ligue 1 dans une crise économique sans précédent.
La parenthèse Amazon.
C’est un site à l’origine dédié à la vente de livres qui vient sauver ce qu’il reste des droits TV de la ligue 1. Via sa plateforme Prime Vidéo, Amazon rachète les droits de Médiapro non plus pour un milliard mais pour 250 millions d’euros. La LFP déchante, mais BeinSport rachète également un partie des droits TV ce qui relance légèrement l’économie de la Ligue 1 bien que celle-ci soit encore très instable. Pour l’ensemble des lots les droits atteignent 624 millions d’euros un échec certes mais une crise limitée. Ce pass ligue 1 d’Amazon est bien plus attrayant que les 30euros de Médiapro. 15 euros par mois sans engagement ou 99 euros l’année, moitié prix pour au moins deux fois plus d’abonnés. En effet, en septembre 2021 pour la reprise de la ligue Amazon compte 1,4 millions d’abonnés et même 1,8 millions en décembre 2021. La ligue renoue, au moins un peu avec le public déçu. Les chiffres sont par ailleurs assez constants et se maintiennent à un niveau égal jusqu’à la fin des droits d’Amazon. Le prix d’acquisition est effectivement assez bas au vu de ce qui était promis aux clubs mais Amazon a permis de renouveler l’intérêt porté à la « ligue des talents », ce qui n’était pas chose aisée.
La rechute DAZN.
Le service de streaming sportif anglais DAZN était déjà candidat au rachat des droits de Médiapro, mais il a été écarté au profit d’Amazon, qui n'a pas renouvelé son offre pour l’appel d’offres des saisons 2024 à 2029. L’agence anglaise a finalement été sélectionnée avec une offre de 400 millions d’euros, et une co-diffusion doit désormais s’organiser avec beIN Sports, après une longue période d'incertitude sur le futur diffuseur.
Cependant, une nouvelle catastrophe se profile : les prix exorbitants proposés par DAZN pour l’abonnement à son service, à savoir 30 euros par mois avec engagement et 40 euros sans engagement. Le désastre de Médiapro semble sur le point de se répéter, probablement en pire.
Plus cher que Téléfoot, ce n’est pas le seul problème. De nombreux abonnés se plaignent du manque de professionnalisme des équipes de DAZN. Dès la première journée, les internautes ont relevé des micros non coupés et des journalistes sur le terrain qui ne connaissaient pas les noms des joueurs. Il est difficile de connaître le nombre exact d’abonnés actuels de DAZN France, mais le journaliste Pierre Ménès a affirmé sur son compte Twitter, il y a quelques jours, que la chaîne ne compterait que 300 abonnés. Ces chiffres, bien que non confirmés, ne sont pas surprenants, compte tenu des prix élevés et de l'augmentation des diffusions illégales par les fans de la Ligue 1. D'ailleurs, Romain Molina a récemment déclaré sur sa chaîne YouTube à propos de DAZN : « Ils sont les rois du low-cost. »
Un autre élément intéressant est que la ligue serait chargée de la production pour cette première année de diffusion, ce qui ramènerait le droit TV non pas à 400 millions, mais à environ 350 millions. Une catastrophe annoncée depuis le désastre Médiapro, mais qui semble désormais bien pire face à la rechute de la LFP dans les trafics douteux des droits TV, que Romain Molina qualifie de limite légale.
Vincent Labrune, président de la LFP, est aujourd’hui vivement critiqué pour ses choix et ses promesses non tenues. DAZN et sa politique tarifaire arrivent en Ligue 1 sans faire l’unanimité, rappelant l’époque de Médiapro, qui, selon Tribune Stéphanoise, marque le début de l’instabilité économique du championnat.
Cela fait désormais quelques années que de nombreux clubs se trouvent dans une situation complexe, à la limite du dépôt de bilan. Avec seulement 220 millions d’euros à partager entre tous les clubs de Ligue 1 et Ligue 2, la faillite de certains semble inévitable. Et vous, avez-vous accepté la politique financière de DAZN ?
✍🏻 Arno Debrouwere
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