ASSE : Le mercato estival est-il une réussite ou un échec ?

Publié le 19 décembre 2024 à 11:23

La saison en Ligue sera une saison d'analyses et une saison de transition. 

Cet été, l'AS Saint-Étienne se trouvait dans l'obligation de renforcer son effectif. Il était évident que les exigences de la Ligue 1 surpasseraient largement le niveau de compétitivité auquel les joueurs étaient habitués en Ligue 2. Les Verts affichent de nombreuses lacunes, notamment à l'extérieur, où leur défense est particulièrement vulnérable : 34 buts encaissés, dont 27 loin de leurs bases. À domicile, en revanche, l’équipe parvient à montrer davantage de solidité, portée par le soutien inconditionnel de son public, véritable douzième homme à Geoffroy-Guichard. D’un côté, certains dénoncent les choix de Kilmer Sport comme un échec, pointant du doigt l’absence de résultats sur le terrain. De l’autre, des observateurs plus mesurés saluent une stratégie axée sur le long terme, estimant que le choix de jouer la carte du "Prospect" tient toutes ses promesses pour l’avenir. 

Les reCrUes scrutées à la loupe 

Yunis Abdelhamid : Souvent ciblé par les critiques, le défenseur central Yunis Abdelhamid affiche pourtant des statistiques solides, avec un impressionnant taux de 77 % de duels remportés. Cependant, sa responsabilité directe dans 87 % des buts encaissés, souvent liée à des erreurs individuelles, reste un argument clé pour ses détracteurs.

Malgré tout, son rôle de leader dans le vestiaire fait l’unanimité, un atout indispensable pour le collectif. Pierre Ekwah et Benjamin Bouchouari, au lendemain de la victoire contre Montpellier, avaient d’ailleurs salué devant les médias l’importance de son apport, aussi bien sur le terrain qu’en dehors.

Une statistique souvent passée sous silence dans les analyses : Abdelhamid est l’un des défenseurs de Ligue 1 ayant disputé le plus de duels défensifs cette saison, tout en conservant un taux de réussite parmi les plus élevés du championnat. Cela nuance les critiques parfois sévères à son encontre.

Individuellement, il figure parmi les meilleurs centraux du championnat grâce à son sérieux et sa rigueur dans les duels. Cependant, ses difficultés naissent souvent d’un déséquilibre collectif. Lorsque ses partenaires ne remplissent pas pleinement leur rôle, Abdelhamid est contraint de quitter sa zone de confort pour compenser, ce qui le place fréquemment dans des situations à risque.

 

Ben Old : perçu comme un prospect à suivre, le jeune Néo-Zélandais avait impressionné en début de saison avant d’être freiné par une blessure. Sa capacité à revenir à son meilleur niveau pourrait s’avérer déterminante pour la suite de la saison.

 

Zuriko Davitashvili : doté d’une grande finesse technique, l’ailier géorgien divise les avis. Jugé parfois trop individualiste, son irrégularité interroge, surtout au regard des 6 millions d’euros investis pour son transfert. Le géorgien aura fait parler de sa grande classe, a son atic il est à cinq but et deux passes décisives, il aussi été l'auteur d'un triplé contre Auxerre à Geoffroy-Guichard. Un talent évident, mais qui devra encore convaincre en deuxième partie de saison.

 

Augustine Boakye et Igor Miladinovic : deux recrues en pleine phase d’adaptation. Si leur potentiel ne fait aucun doute, leur intégration freine pour l’instant leur contribution immédiate. 

 

Lucas Stassin : Au centre des débats, l’attaquant Lucas Stassin, recruté pour 9 millions d’euros, a connu une première partie de saison compliquée sous le maillot stéphanois. De nombreux supporters peinent à comprendre son manque d’efficacité à la pointe de l’attaque. Pourtant, son bilan commence à prendre forme avec trois passes décisives et un but inscrit face à Toulouse, juste avant la trêve de Noël. Ce but illustre parfaitement son potentiel : sur une action bien construite, le natif belge s’est projeté vers l’avant pour réceptionner aux second poteau le centre à ras de terre de Denis Appiah et conclure. Mais Stassin ne se limite pas aux statistiques. Son rôle d’attaquant travailleur, souvent dans l’ombre, est essentiel pour l’équilibre collectif des Verts.

 

Pierre Ekwah : Les Stéphanois ne le connaissaient pas. Pierre arrive à Saint-Étienne sous la forme d'un prêt avec option d'achat en provenance de Sunderland évoluant en deuxième division anglaise. Le milieu de terrain débarque dans le système d'Olivier Dall'Oglio pour apporter son calme balle au pied et cette capacité à rester à la pointe de la défense pour apporter un surnombre pour récupérer des ballons. Son rôle de joueur hybride s’est imposé comme une pièce maîtresse dans le système. Alliant solidité défensive et sens de l’organisation. Dans les profils défensifs, Pierre Ekwah enregistre le plus grand nombre de récupérations à côté de ses homologues stéphanois, il en réussit 54 juste devant Léo Pétrot avec 10 récupérations de moins.  Pierre Ekwah doit encore convaincre les supporters de sa légitimité sur le terrain. 

 

Pierre Cornud : En quête de renfort à moindre coût pour son couloir gauche, l’AS Saint-Étienne a misé sur Pierre Cornud, recruté pour 1,1 million d’euros en provenance du Maccabi Haïfa. Si l’arrière latéral dispose d’une bonne qualité de centre, son intégration dans le système stéphanois peine à convaincre, notamment en raison d’une blessure qui a freiné son adaptation.

C'est à confirmer, selon nous l’arrivée de Cornud pourrait également s’expliquer par sa relation avec Dylan Batubinsika, ancien coéquipier au Maccabi Haïfa, qui aurait pesé dans la balance. Cependant, sur le terrain, le joueur de 26 ans montre des lacunes tactiques et physiques, limitant sa capacité à enchaîner efficacement les montées et les replis défensifs. Lors de son retour de blessure face à Toulouse, Cornud s’est illustré par une erreur de lecture défensive. En retard sur un repli défensif, il a laissé trop d’espace au buteur toulousain, ce qui a coûté un but à son équipe.

Un mercato plombé par un héritage encombrant et des choix sous la contraintes. 

Les limites de ce mercato trouvent leurs racines dans un héritage encombrant laissé par l’ancienne direction. La montée en Ligue 1, bien que synonyme de succès, a entraîné des prolongations automatiques de contrats, assorties de revalorisations salariales. Résultat : une masse salariale alourdie, un effectif pléthorique et une DNCG plus stricte dans sa surveillance financière.

Certains joueurs, jugés insuffisants pour le niveau requis en Ligue 1, se retrouvent ainsi maintenus dans l’effectif, compliquant les perspectives de renforts compétitifs. Des noms comme Thomas Monconduit, Anthony Briançon ou Florian Tardieu symbolisent cet immobilisme, freinant la capacité du club à recruter des éléments capables d’apporter une réelle plus-value.

Un héritage lourd de conséquences, alors que l’AS Saint-Étienne peine toujours à aligner une série de résultats positifs cette saison. Dans un championnat exigeant comme la Ligue 1, où l’adaptation rapide est importante, l’absence de renforts capables d’élever immédiatement le niveau de jeu se fait cruellement ressentir.

L’arrivée d’Eirik Horneland pour ajuster le mercato hivernal. 

Au final, ce mercato est-il réellement un échec ? Tout porte à croire que les problèmes du club trouvent leurs racines dans l’héritage d’une gestion passée que dans les recrues elles-mêmes. Malgré des contraintes financières et structurelles (hors Kilmer Sport), l’ASSE a su attirer des prospects prometteurs, jetant ainsi les bases d’un projet orienté vers l’avenir.

Cependant, la situation sportive demeure préoccupante. L’AS Saint-Étienne s’est récemment séparée d’Olivier Dall’Oglio après une 1à ème défaite de rang, 2-1 sur la pelouse du Toulouse FC. Celui qui avait orchestré la remontée des Verts en Ligue 1, à l’issue des barrages face à Metz (2-1, 2-2 a.p.), n’aura tenu qu’un an et deux jours à la tête de l’équipe. Si sa prolongation automatique avait été un symbole de confiance après la montée, Dall’Oglio n’a pas su convaincre les nouveaux propriétaires, le groupe Kilmer Sports Ventures, de poursuivre avec lui.

Le technicien a échoué à répondre aux attentes sur plusieurs points. Il n’a pas réussi à exploiter pleinement le potentiel des recrues estivales et n’a pas redonné à l’ASSE une identité de jeu claire ni une culture footballistique conforme à ses ambitions. Ces manques, jugés cruciaux par la direction, ont précipité son départ.

Pour ouvrir un nouveau chapitre, l’ASSE semble avoir trouvé son remplaçant : Eirik Horneland. Ce technicien norvégien, réputé pour ses qualités de meneur d’hommes, sait se montrer exigeant tout en étant proche de ses joueurs, n’hésitant pas à les secouer lorsque c'est nécessaire ou à les féliciter quand le mérite est là. Très apprécié lors de son passage au SK Brann, il s’apprête à vivre sa première expérience en dehors du championnat Norvégien. 

Séduite par son profil, la direction stéphanoise a sauté le pas et s’est rapprochée de l’entraîneur. Avec cette arrivée, combinée à l’approche du mercato hivernal, Horneland aura l’opportunité d’apporter les ajustements nécessaires pour poursuivre ce qu’Olivier Dall’Oglio n’a pas réussi à faire. L’objectif est clair : rectifier le tir lors de la seconde partie de saison pour permettre au club de se maintenir en Ligue 1. 


Vincent Grange 

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